samedi 26 juillet 2008

Edifiant

A faire lire aux enfants…….

Ce cours, qu'on dit rigoureusement authentique édité en 1960 dans un cours d'Economie Domestique à l’effet de la bonne éducation des filles qui, à cette époque étaient à leur vraie place dans la hiérarchie humaine… (lol)

Hormis le décalage et l’humour involontaire des auteurs de ce chef-d’œuvre…. Il est effarant de toucher l’évolution fantastique des mentalités en si peu de temps.




FAITES EN SORTE QUE LE SOUPER SOIT PRÊT
Préparez les choses à l'avance, le soir précédent s'il le faut, afin qu'un délicieux repas l'attende à son retour du travail. C'est une façon de lui faire savoir que vous avez pensé à lui et vous souciez de ses besoins. La plupart des hommes ont faim lorsqu’ils rentrent à la maison et la perspective d'un bon repas (particulièrement leur plat favori) fait partie de la nécessaire chaleur d'un accueil.

SOYEZ PRÊTE
Prenez quinze minutes pour vous reposer afin d'être détendue lorsqu'il rentre. Retouchez votre maquillage, mettez un ruban dans vos cheveux et soyez fraîche et avenante. Il a passé la journée en compagnie de gens surchargés de soucis et de travail. Soyez enjouée et un peu plus intéressante que ces derniers. Sa dure journée a besoin d'être égayée et c'est un de vos devoirs de faire en sorte quelle le soit.

RANGEZ LE DÉSORDRE
Faites un dernier tour des principales pièces de la maison juste avant que votre mari ne rentre. Rassemblez les livres scolaires, les jouets, les papiers, etc. et passez ensuite un coup de chiffon à poussière sur les tables.

PENDANT LES MOIS LES PLUS FROIDS DE L'ANNÉE
Il vous faudra préparer et allumer un feu dans la cheminée, auprès duquel il puisse se détendre. Votre mari aura le sentiment d'avoir atteint un havre de repos et d'ordre et cela vous rendra également heureuse. En définitive veiller à son confort vous procurera une immense satisfaction personnelle.

RÉDUISEZ TOUS LES BRUITS AU MINIMUM
Au moment de son arrivée, éliminez tout bruit de machine à laver, séchoir à linge (On peut s'étonner de la mention des séchoirs à linge, qui n'étaient pas habituels à cette époque ?) ou aspirateur. Essayez d'encourager les enfants à être calmes. Soyez heureuse de le voir. Accueillez-le avec un chaleureux sourire et montrez de la sincérité dans votre désir de lui plaire.

ÉCOUTEZ-LE
Il se peut que vous ayez une douzaine de choses importantes à lui dire, mais son arrivée à la maison n'est pas le moment opportun. Laissez-le parler d'abord, souvenez-vous que ses sujets de conversation sont plus importants que les vôtres. Faites en sorte que la soirée lui appartienne.

NE VOUS PLAIGNEZ JAMAIS S'IL RENTRE TARD À LA MAISON
Ou sort pour dîner ou pour aller dans d'autres lieux de divertissement sans vous. Au contraire, essayez de faire en sorte que votre foyer soit un havre de paix, d'ordre et de tranquillité où votre mari puisse détendre son corps et son esprit.

NE L'ACCUEILLEZ PAS AVEC VOS PLAINTES ET VOS PROBLÈMES
Ne vous plaignez pas s'il est en retard à la maison pour le souper ou même s'il reste dehors toute la nuit. Considérez cela comme mineur, comparé à ce qu'il a pu endurer pendant la journée. Installez-le confortablement. Proposez-lui de se détendre dans une chaise confortable ou d'aller s'étendre dans la chambre à coucher. Préparez-lui une boisson fraîche ou chaude. Arrangez l'oreiller et proposez-lui d'enlever ses chaussures. Parlez dune voix douce, apaisante et plaisante. Ne lui posez pas de questions sur ce qu'il a fait et ne remettez jamais en cause son jugement ou son intégrité. Souvenez-vous qu'il est le maître du foyer et qu'en tant que tel, il exercera toujours sa volonté avec justice et honnêteté.

LORSQU'IL A FINI DE SOUPER, DÉBARRASSEZ LA TABLE ET FAITES RAPIDEMENT LA VAISSELLE
Si votre mari se propose de vous aider, déclinez son offre car il risquerait de se sentir obligé de la répéter par la suite et après une longue journée de labeur, il n'a nul besoin de travail supplémentaire.
Encouragez votre mari à se livrer à ses passe-temps favoris et à se consacrer à ses centres d'intérêt et montrez-vous intéressée sans toutefois donner l'impression d'empiéter sur son domaine. Si vous avez des petits passe-temps vous-même, faites en sorte de ne pas l'ennuyer en lui parlant, car les centres d'intérêts des femmes sont souvent assez insignifiants comparés à ceux des hommes.

A LA FIN DE LA SOIRÉE
Rangez la maison afin quelle soit prête pour le lendemain matin et pensez à préparer son petit déjeuner à l'avance. Le petit déjeuner de votre mari est essentiel sil doit faire face au monde extérieur de manière positive. Une fois que vous vous êtes tous les deux retirés dans la chambre à coucher, préparez-vous à vous mettre au lit aussi promptement que possible.

BIEN QUE L'HYGIÈNE FÉMININE
Soit d'une grande importance, votre mari fatigué ne saurait faire la queue devant la salle de bain, comme il aurait à la faire pour prendre son train. Cependant, assurez-vous d'être à votre meilleur avantage en allant vous coucher. Essayez d'avoir une apparence qui soit avenante sans être aguicheuse. Si vous devez vous appliquer de la crème pour le visage ou mettre des bigoudis, attendez son sommeil, car cela pourrait le choquer de s'endormir sur un tel spectacle.

EN CE QUI CONCERNE LES RELATIONS INTIMES AVEC VOTRE MARI
Il est important de vous rappeler vos vœux de mariage et en particulier votre obligation de lui obéir. S'il estime qu'il a besoin de dormir immédiatement, qu'il en soit ainsi. En toute chose, soyez guidée par les désirs de votre mari et ne faites en aucune façon pression sur lui pour provoquer ou stimuler une relation intime.

SI VOTRE MARI SUGGÈRE L'ACCOUPLEMENT
Acceptez alors avec humilité tout en gardant à l'esprit que le plaisir d'un homme est plus important que celui d'une femme, lorsqu'il atteint l'orgasme, un petit gémissement de votre part l'encouragera et sera tout à fait suffisant pour indiquer toute forme de plaisir que vous ayez pu avoir.

SI VOTRE MARI SUGGÈRE UNE QUELCONQUE DES PRATIQUES MOINS COURANTES
Montrez-vous obéissante et résignée, mais indiquez votre éventuel manque d'enthousiasme en gardant le silence. Il est probable que votre mari s'endormira alors rapidement ; ajustez vos vêtements, rafraîchissez-vous et appliquez votre crème de nuit et vos produits de soin pour les cheveux.

VOUS POUVEZ ALORS REMONTER LE RÉVEIL
Afin d'être debout peu de temps avant lui le matin. Cela vous permettra de tenir sa tasse de thé du matin à sa disposition lorsqu'il se réveillera.

vendredi 25 juillet 2008

Histoire d'amitié



Histoire d’amitié et de pêche au silure. http://fr.wikipedia.org/wiki/Silure


L’histoire se passe 85 ou 86. A cette époque, les pêcheurs étaient tous émoustillés par l’annonce de la capture de silures dans la petite rivière « Seille ». Cette splendide petite voie d’eau, navigable depuis Louhans, en Bresse, se tortille sur 40 kilomètres avant de se jeter dans la Saône, un peu en aval de la ville de Tournus. Traversant quelques villages, des moulins à eau fonctionnaient et créaient des retenues qu’il fallait gérer à cette époque à l’aide de 4 écluses manuelles avec des chaînes pour fermer les portes. On y rencontrait la fine fleur des chevaliers de la gaule, car extrêmement poissonneuse et peu fréquentée par des bateaux.


Nous étions avec «Marabout », stationnés depuis quelques temps sur le Rhône dans la région de Valence où je tentais de faire bouillir la marmite…, et nous avions pour voisin « Martin Pêcheur », un petit 7 mètres étriqué, habité par Gégé et Martine.


Gégé était une espèce de colosse débonnaire et inattendu d’une trentaine d’années, nageur et plongeur exceptionnel, très cultivé et plein d’humour, il gagnait sa vie en important une excellente bière allemande qu’il livrait personnellement chez ses clients, bars ou particuliers. Sa compagne, Martine, un petit bout de femme souriant, gérait l’amitié comme une chatte qui protège ses petits…


J’avais rencontré Gégé d’une curieuse façon quelques années auparavant. Nous vivions avec Mara (mon épouse), sur notre premier bateau « Le Mara », un 9 mètres fluvial, un peu vieux, mais confortable.


Par une belle et chaude journée d’été, j’étais entré dans une petite lône http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%B4ne qui se trouve en amont de Valence et à l’intérieur du « bras mort » de la Roche de Glun. Ce bras mort, réputé non navigable, parce que « très mal pavé » et qu’il ne mène nulle part, était mon lieu de rêverie préféré dans la région : aucun humain ne s’y risque et une faune incroyable, du castor à la couleuvre vipérine http://www.karch.ch/karch/f/rep/nm/nmco.html pouvait s’y observer …


J’étais donc là, seul, nu comme un ver sur l’arrière du « Mara », occupé à ne rien faire, quand je vis entrer dans la lône, une petite barcasse en bois de 3 ou 4 mètres occupée par un grand gaillard accompagné de 2 ravissantes nanas dans le plus simple appareil … ?

Mon sens … de l’hospitalité ne fis qu’un tour : « Fais chaud aujourd’hui… Avec cette chaleur, vous allez crever… Montez donc à mon bord… Je vous offre une boisson fraîche… »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Je sortais des jus de fruits du frigo quand le grand machin qui accompagnait les naïades osa dire qu’il aurait préféré une bière… Qu’à cela ne tienne, j’étais prêt à tous les sacrifices. Je sortais royalement une bouteille du « quinze trous » tout neuf qui se trouvait à bord.

Çà ce corsa très vite. Gégé, car c’était bien lui, me regarda d’un air scandalisé et sévère :

- Vous voulez m’empoisonner ?

- ?

- Vous voulez me faire avaler çà ? fit-il en désignant ma bouteille

- ?

- Monsieur veut l’équipage pour lui seul ?

- ?

La dessus, avançant d’un pas ferme, il se saisit du « quinze trous » tout neuf et l’envoya par-dessus bord.

Imaginez la scène. Un mec inconnu avec la gueule « en coin de rue », qui domine mes 1,80 mètres d’une bonne tête, qui occupe mes 30 mètres carrés de bateau dans le désert le plus total…

Je fis une prudente marche arrière et saisis la solide trique en acacia que j’affectionne particulièrement dans les grands moments de solitude.

Le temps se figea un court instant.

L’énergumène leva un bras apaisant et sauta dans sa barque. Soulevant le banc, il fit apparaître 2 « quinze trous » dument remplis de sa bonne bière allemande (La Sturm) et tout de go, m’en offrit un.


Foin de digression, revenons aux silures et à la Seille.

Gégé, qui maintenant vivait avec Martine sur son « Martin Pêcheur » était devenu un ami, un complice, mon frère de pêche. Nous délirions de concert sur les articles de presse consacrés aux silures. Pensez-donc :

- « Encore un silure de 1,50 mètres pris dans la Seille par le fils Dupont (14 ans)»

- « 2 chiens disparus et probablement happés par les silures à La Truchère «

- « Mesdames, ne laissez plus vos jeunes enfants au bord de la Seille »

- « Les pompiers de Branges, ont été attaqués par d’énormes poissons en vérifiant l’empierrage des piles du pont de Louhans »

- « Les chasseurs de Hully se plaignent de la raréfaction des populations de canards… il faut faire quelque chose »

……………


Nous décidâmes de mettre en route et d’aller nous porter au secours des indigènes de la Seille agressés par ces monstres.

Arrivés à l’endroit réputé le meilleur, amarrés à 200 mètres l’un de l’autre. Le « Marabout » et le « Martin Pêcheur » se mirent courageusement en pêche.

Pour ma part, j’avais sorti mon moulinet et ma canne à anneaux la plus solide. Un gros triple, un gros fil nylon de pêche en mer, un gros plomb et une énorme tanche comme vif…

Surexcités comme des gamins, nous restâmes 4 bonnes heures à attendre depuis l’arrière de nos bateaux. Puis, le naturel revenant au galop, nous installâmes nos détecteurs de touches respectifs pour nous retrouver à coté d’un « Quinze trou ».


(http://www.karpeace.com/peche-carpe/materiel/detecteurs.php)

Les détecteurs de touche, à cette époque, n’étaient pas courants et coûtaient probablement une fortune. J’avais imaginé un bricolage que j’utilise encore (et que j’ai présenté dans « Destination Pêche », une émission de FR3 en 88 ou 90).

En soudant des fils sur l’interrupteur d’un vieux transistor, j’en soudais l’autre extrémité sur les deux branches d’une pince à linge. En plaçant sur le nylon du moulinet un petit morceau de plastique que je pinçais dans la pince à linge, le départ d’un poisson arrachait le plastique de la pince, mettait le contact, et la radio se mettait en route…


Bref, encore une digression.

La nuit venue, nous regagnâmes nos pénates pour régénérer nos forces durement entamées. Vers 1 heures du matin, je fus réveillé par mon transistor déchaîné. Toujours nu comme un ver et les yeux bordés de reconnaissance, je me précipitais vers mon moulinet qui se dévidais comme jamais.

Houai… Youpi…. Hourra….. !!!

De l’arrière du « Marabout » la nuit était noire comme le diable, l’air avait la douceur des bras de Mara.

La lutte fut dantesque. Que dis-je…TITANESQUE !

Le bestiau tirait comme un thon survitaminé. Je lui prenais 5 mètres et il m’en reprenait 6. Heureusement, Mara était là. M’épongeant le front, admirative à souhait, hydratant mon organisme avec vigilance…

Allez savoir ? Est-ce pour bénéficier d’une aide ou d’une admiration supplémentaire, que je lui demandais d’appeler Gégé par VHF (VHF : la radio du bord…… le portable n’existait pas). Pas de réponse. Le bougre devait ronfler comme un sonneur. Les éclats lumineux du spot restèrent également sans résultat.

Je restais donc seul dans ce combat de titans.

Après 1 siècle d’efforts, le fil cassa.


Le tumulte cessait sur les eaux, mais restait dans ma tête.

Assis par terre, debout, accroupi, penché en avant, je mimais et remimais toutes les phases du combat à Mara qui reste mon meilleur public.

45 minutes plus tard, Gégé apparaissait, frais comme un gardon de la Seille…

Son admiration me fit chaud au cœur. Il me fit répéter plusieurs fois le récit du combat, me demanda toutes les précisions qui prouvaient qu’il aurait bien voulu être à ma place et tenta de me consoler de la fin prématurée de mes exploits en m’expliquant avec compétence toute l’impossibilité de maitriser de tels monstres avec un matériel de gamin…

Je le rassurais immédiatement en l’assurant qu’il aurait lui-même un pareil bonheur le lendemain. J’en profitais aussi pour lui donner quelques conseils : le montage de ma ligne était certainement meilleur…. Puisque c’est sur MA ligne qu’IL a mordu…

Compréhensif, attentif, souriant, Gégé nous quitta vers les 4 heures du matin (après avoir liquidé tout mon stock de bière !).

Le lendemain, sur le coup de 10 heures, Gégé m’accompagna à pied jusqu’au village. Je voulais acheter un matériel capable de mater tous les monstres de la Seille. Il se montra de bon conseil en modérant mes emplettes et rapporta dans ses fontes quelques bouteilles d’un rosé capable de doper un ministre sans portefeuille……

Sur le retour, il m’entretint de sujets qui prouvaient toute la considération qu’il m’accordait et me demanda notamment, si au cours de mes études j’avais rencontré un prof de philo qui utilisait la méthode du dilemme dans ses cours. Sachant comme moi, que mon Certificat d’Etudes Primaire est le seul fleuron universitaire qui nourrit mon génie, je m’étonnais poliment de sa question et naturellement, lui demandais de me dire en quoi cette méthode était novatrice. Il me répondit qu’il allait, après la sieste, essayer de m’en fabriquer un exemple.

Pendant la sieste, j’aperçu avec plaisir Mara et Gégé qui s’entretenaient en grillant une clope.


Vers 15 heures, mon copain vint à bord. Négligemment, il posa sur la table une enveloppe blanche. Répondant à mon interrogation, il me déclara qu’il avait trouvé un exemple de la méthode des dilemmes… et m’expliqua que son prof posait une question sujette à un choix personnel sur un papier, l’élève avait en retour le choix entre 2 options. Selon sa réponse, il recevait une enveloppe qui contenait le commentaire du prof.

J’ouvrais immédiatement son enveloppe et découvrait le texte suivant : (Faire un clic sur la photo n°1)

Bien entendu, je déclarais vouloir la vérité.

Il me tendit la deuxième enveloppe.

Voilà ce que j’y trouvais : (Faire un clic sur la photo n° 2)

(Désolé pour la lisibilité médiocre de ces documents qui datent de bien longtemps)

Par la suite, Gégé m‘expliquât qu’il ne savait plus comment sortir de ce canular, tant il avait bien marché.

Il pensait au départ, pouvoir casser rapidement ma ligne en palmant vigoureusement et pour désamorcer rapidement la blague, il y avait ficelé une bouteille de sa bière… et celle-ci, en apparaissant m’aurait fait comprendre la supercherie. Hélas, mal attachée, elle tomba au fond de la Seille avant. La surprise de Gégé fut grande de constater, que dés qu’il arrêtait de palmer, je le ramenais irrésistiblement au « Marabout ». C’est complètement crevé qu’il se résigna à couper le nylon avec son couteau de plongée après 45 minutes de bagarre…


Et maintenant ?


Gérard Métral (Gégé) nous à quitté il y a quelques années. Il s’est noyé bêtement dans 3 mètres d’eau, en dessous du « Martin Pêcheur II ». Je lui dédie ce texte, ainsi qu’à Martine et leur fils Bertrand.

mercredi 23 juillet 2008

En guise de prologue



Merde alors….. Un exilé, mais un exilé heureux.


Pour que tout soit clair entre nous, mettons les choses au point.


En mes vertes années (38 ans), j’eus la chance de ramasser une saloperie qu’on dit mortelle…… Un « réticulo sarcome », autrement dit, un cancer du système lymphatique imparable à cette époque… J’étais alors un jeune con avec des dents qui trainaient sur le tapis…… Informé que je devais trépasser dans les 6 mois à venir, je décidais, dans mon cerveau de bigorneau, de vivre le temps qui me restait autrement, de vivre pleinement tous les instants, même ceux peu glorieux de tous les jours. J'avais décidé de redevenir dieu (J’avais oublié que j’avais tous les pouvoirs; qu’il fallait que je me les réapproprie et que décidément, tous les humains sont des dieux, mais qu’ils ne s'en souviennent pas).


Incroyant, mais un peu mystique sur les bords, je me creusais la cervelle pour justifier ma présence ici-bas. Aller à la droite du seigneur ? J’avais du mal… Laisser une trace avec mes enfants ? Quelle trace, quand, ou, dans quel domaine… Combien de connards ont engendrés des types biens et inversement !


Vu l’urgence, je me forgeais rapidement une religion : Le Pet.


N’y a-t-il pas motif à être fasciné par les kilomètres cube de pets lâchés dans la nature depuis Adam et Eve, en passant par Vercingétorix, Napoléon, Hitler….. et les milliards de couillons qui sont morts avant nous ? Ces pets, que sont-ils devenus ? Les scientifiques nous disent que rien ne perd, rien ne se crée et que tout se transforme…… Alors ?


Je décidais alors (mais pourquoi pas ?), qu’à chacune de mes respirations, j’inspirais quelques atomes des pets de mes anciens. Qu’en quelques sorte, j’étais un fils de l’humanité... et que (oh ! quelle découverte), que le fait d’être là et d’avoir de si fréquentes flatulences condamnait l’humanité future, en les respirant, à être différente, meilleure ou pire, mais différente….


La question de ma présence ici-bas, quoiqu’un peu simpliste (c’était une urgence), était résolue. Je décidais immédiatement, au grand

dam de mes proches de flatuler « à mon meilleur ».

« Qu’as-tu fait de tes talents ? » comme à dit l’Autre…. Et compte tenu de la modestie de l’attribution de ceux qu’Il m’a accordés… je décidais, qu’au moins, l’humanité ne serait pas pire après mon passage sur terre.


Bien aidé dans mon délire par l’amour et la compréhension de mes proches, je quittais un emploi où je commençais à me prendre pour Einstein, vendais ma grande maison, offrais son contenu aux copains, achetais un petit bateau fluvial et partais errer sur les 8000 kilomètres de voies d’eau de notre beau pays.


Nous y sommes restés presque 30 ans.


J’en ai à ce jour 70. Et ce n’est pas fini. Nous sommes toujours libres, pas riches d’argent, mais de souvenirs, d’amis, de rencontres, d’amis, d’odeurs, d’émotions… J’ai décidé et prévenu tous mes amis que j’honorerai leur épouse le jour de mes 143 ans… et ils sont tous d’accord… Nous sommes les Exilés de la Plaine de Rully, un joli et « goutu » petit village de Bourgogne traversé par le Canal du Centre, entourés de braves gens et de vignes « que j’vous dis pas »…


Il fallait vivre pendant ces 30 ans.


Mais ceci est une autre histoire que je vous conterai peut-être.


En attendant, et a titre de bonus, je vous offre la substantifique moelle d’un texte qui m’avait, en son temps bien aidé pour faire mes choix. Il s’agit de la reconstitution des pages d’un bouquin de Carlos Castanéda (Voyage à Ixlan ou Voir ou La Petite Fumée ?).


Il n'existe qu'une seule mauvaise chose en toi: tu crois que tu as l'éternité devant toi et c'est pour cette raison que tu hésites à changer.

Changer ta vie, ne pas subir et agir t'effrayes...

Les actes ont un pouvoir; particulièrement lorsque celui qui agit sait qu'ils sont peut-être sa dernière bataille sur terre. Il existe un étrange et brûlant bonheur dans le fait d'agir en sachant parfaitement que cet acte peut tout aussi bien être le dernier de la vie. Changes ta vie et accomplies tes actions en pensant à cela.

Tu n'as pas le temps, c'est là le malheur des hommes.

Aucune force au monde ne peut t'assurer d'être vivant dans une seconde...

Aucun de nous n'a suffisamment de temps et dans ce monde effrayant et merveilleux, dans ce monde mystérieux, ta "continuité" ne signifie rien.

Ta "continuité" ne sert qu'à te rendre timide. Tes actes ne peuvent avoir ni le flair, ni le "pouvoir", ni la force contraignante des actes d'un homme qui sait qu'il va mourir.

Ta "continuité" ne te rend ni heureux, ni puissant.

Concentres-toi sur ce qui te lie à ta mort, sans le moindre remord, sans la moindre tristesse, sans le moindre souci, sans la moindre peur.

Concentres-toi sur le fait que tu n'a pas le temps et laisses tes actes se dérouler en conséquence. Laisses-les devenir ta dernière bataille sur terre. Ce n'est qu'a cette condition qu'ils auront leur pouvoir total.

Sinon, aussi longtemps que tu vivras, ils demeureront les actes d'un timide.»

Sors de ta "bulle", émerveilles-toi et que plus rien ne te soit familier...

Ta "bulle était ouverte et tu t'y es laissé enfermer progressivement.

Cette bulle, c'est ta perception des choses. Certain y vivent jusqu'à la fin de leur vie. Et tout ce dont tu es témoin sur ses parois rondes, n'est que ton propre reflet déformé et ne correspond qu'à ta propre représentation du monde...