mercredi 23 juillet 2008

En guise de prologue



Merde alors….. Un exilé, mais un exilé heureux.


Pour que tout soit clair entre nous, mettons les choses au point.


En mes vertes années (38 ans), j’eus la chance de ramasser une saloperie qu’on dit mortelle…… Un « réticulo sarcome », autrement dit, un cancer du système lymphatique imparable à cette époque… J’étais alors un jeune con avec des dents qui trainaient sur le tapis…… Informé que je devais trépasser dans les 6 mois à venir, je décidais, dans mon cerveau de bigorneau, de vivre le temps qui me restait autrement, de vivre pleinement tous les instants, même ceux peu glorieux de tous les jours. J'avais décidé de redevenir dieu (J’avais oublié que j’avais tous les pouvoirs; qu’il fallait que je me les réapproprie et que décidément, tous les humains sont des dieux, mais qu’ils ne s'en souviennent pas).


Incroyant, mais un peu mystique sur les bords, je me creusais la cervelle pour justifier ma présence ici-bas. Aller à la droite du seigneur ? J’avais du mal… Laisser une trace avec mes enfants ? Quelle trace, quand, ou, dans quel domaine… Combien de connards ont engendrés des types biens et inversement !


Vu l’urgence, je me forgeais rapidement une religion : Le Pet.


N’y a-t-il pas motif à être fasciné par les kilomètres cube de pets lâchés dans la nature depuis Adam et Eve, en passant par Vercingétorix, Napoléon, Hitler….. et les milliards de couillons qui sont morts avant nous ? Ces pets, que sont-ils devenus ? Les scientifiques nous disent que rien ne perd, rien ne se crée et que tout se transforme…… Alors ?


Je décidais alors (mais pourquoi pas ?), qu’à chacune de mes respirations, j’inspirais quelques atomes des pets de mes anciens. Qu’en quelques sorte, j’étais un fils de l’humanité... et que (oh ! quelle découverte), que le fait d’être là et d’avoir de si fréquentes flatulences condamnait l’humanité future, en les respirant, à être différente, meilleure ou pire, mais différente….


La question de ma présence ici-bas, quoiqu’un peu simpliste (c’était une urgence), était résolue. Je décidais immédiatement, au grand

dam de mes proches de flatuler « à mon meilleur ».

« Qu’as-tu fait de tes talents ? » comme à dit l’Autre…. Et compte tenu de la modestie de l’attribution de ceux qu’Il m’a accordés… je décidais, qu’au moins, l’humanité ne serait pas pire après mon passage sur terre.


Bien aidé dans mon délire par l’amour et la compréhension de mes proches, je quittais un emploi où je commençais à me prendre pour Einstein, vendais ma grande maison, offrais son contenu aux copains, achetais un petit bateau fluvial et partais errer sur les 8000 kilomètres de voies d’eau de notre beau pays.


Nous y sommes restés presque 30 ans.


J’en ai à ce jour 70. Et ce n’est pas fini. Nous sommes toujours libres, pas riches d’argent, mais de souvenirs, d’amis, de rencontres, d’amis, d’odeurs, d’émotions… J’ai décidé et prévenu tous mes amis que j’honorerai leur épouse le jour de mes 143 ans… et ils sont tous d’accord… Nous sommes les Exilés de la Plaine de Rully, un joli et « goutu » petit village de Bourgogne traversé par le Canal du Centre, entourés de braves gens et de vignes « que j’vous dis pas »…


Il fallait vivre pendant ces 30 ans.


Mais ceci est une autre histoire que je vous conterai peut-être.


En attendant, et a titre de bonus, je vous offre la substantifique moelle d’un texte qui m’avait, en son temps bien aidé pour faire mes choix. Il s’agit de la reconstitution des pages d’un bouquin de Carlos Castanéda (Voyage à Ixlan ou Voir ou La Petite Fumée ?).


Il n'existe qu'une seule mauvaise chose en toi: tu crois que tu as l'éternité devant toi et c'est pour cette raison que tu hésites à changer.

Changer ta vie, ne pas subir et agir t'effrayes...

Les actes ont un pouvoir; particulièrement lorsque celui qui agit sait qu'ils sont peut-être sa dernière bataille sur terre. Il existe un étrange et brûlant bonheur dans le fait d'agir en sachant parfaitement que cet acte peut tout aussi bien être le dernier de la vie. Changes ta vie et accomplies tes actions en pensant à cela.

Tu n'as pas le temps, c'est là le malheur des hommes.

Aucune force au monde ne peut t'assurer d'être vivant dans une seconde...

Aucun de nous n'a suffisamment de temps et dans ce monde effrayant et merveilleux, dans ce monde mystérieux, ta "continuité" ne signifie rien.

Ta "continuité" ne sert qu'à te rendre timide. Tes actes ne peuvent avoir ni le flair, ni le "pouvoir", ni la force contraignante des actes d'un homme qui sait qu'il va mourir.

Ta "continuité" ne te rend ni heureux, ni puissant.

Concentres-toi sur ce qui te lie à ta mort, sans le moindre remord, sans la moindre tristesse, sans le moindre souci, sans la moindre peur.

Concentres-toi sur le fait que tu n'a pas le temps et laisses tes actes se dérouler en conséquence. Laisses-les devenir ta dernière bataille sur terre. Ce n'est qu'a cette condition qu'ils auront leur pouvoir total.

Sinon, aussi longtemps que tu vivras, ils demeureront les actes d'un timide.»

Sors de ta "bulle", émerveilles-toi et que plus rien ne te soit familier...

Ta "bulle était ouverte et tu t'y es laissé enfermer progressivement.

Cette bulle, c'est ta perception des choses. Certain y vivent jusqu'à la fin de leur vie. Et tout ce dont tu es témoin sur ses parois rondes, n'est que ton propre reflet déformé et ne correspond qu'à ta propre représentation du monde...

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